Accrochage

Processus

Accrochage


Des accidents lors de critiques, comme je le décris dans mon blog : Accrochage, ont révélé les plaisirs que je pouvais trouver à assembler, désassembler.
Pour que je n'abime pas le mur du salon avec du scotch des clous ou de la patafix mon mari a tendu le long du mur un fil de fer blanc, puis d'autres, en dessous et au dessus, comme une partition. J'y accroche mes dessins avec des pinces. Ces fils me permettent de faire glisser les dessins les uns par rapport aux autres, de créer des espaces, de jouer avec eux.
Quand je dessine, je ne pense pas. Ces jeux m'ont aidé à penser avec mes dessins. Je fais les dessins les uns après les autres, si des pensées apparaissent c'est quand les dessins se rencontrent. Les fils et les pinces ont rendu cette pensée flexible. Je joue avec les combinaisons, j'enlève, j'étire ou contracte l'espace entre eux, j'en décroche un et leur impact est différent.
Les fils sont écartés du mur d'environ 5 cm, chaque dessin accroché a une ombre. Contrairement aux accrochages à l'école où tous les dessins scotchés au mur étaient liés par la surface du mur blanc, chez moi, accrochés aux fils ils se détachent du mur, et gardent leur autonomie, ce sont des blocs qui se croisent, se juxtaposent, les idées qui émergent alors viennent des accidents que l'on provoque en les regardant.
Voici un extrait d'un devoir écrit cette année sur "L'image pensive"(devoir basé sur un chapitre du livre de Jacques Rancière, "Le spectateur émancipé"), dans lequel je décris l'expérience d'un week-end de préparation à une critique :
J'ai déjà évoqué ces fragments qui peuvent être additionnés, montés, sans ordre strict, je voulais retenir l'essentiel de ce qui était né lors des montages précédents. Un par un, j'ai reproduit la disposition des 3 accrochages précédents, puis pour essayer, pour jouer, j'ai ôté des fragments, fait glisser les images, casser les figures pour laisser résonner chaque dessin. Mon mur est devenu une partition et chacune des images pouvait être prolongée d'un blanc ou liée à une autre. Chaque déplacement enclenchait une autre histoire. Puisque je suis dans l'anecdote, je conclue celle-ci en précisant que ça a été la pire présentation de l'année pour mes travaux. Ce que j'avais retenu des mélodies créées chez moi sur les fils, une fois reproduites, épinglées dans le grand couloir de l'école sont devenues Rien, un grand silence plat. D'un lieu à l'autre la pensivité des images s'était évanouie, il semble qu'elle soit sensible au contexte, mais je ne peux rien conclure, rien fixer...
Extrait du Blog: Devoir pour trémeau
Prochain mot dans la colonne Processus :Articulation