ME-WI

Rédigé par anne | Classé dans : Les autres

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Schaerbeeek,appartement,5 jours avant transmission du Mémoire à Monsieur M2
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ME-WI
Extraits:
Que dois-je peindre, comment dois-je peindre ? Le "quoi " est le plus délicat car c’est l’essentiel. Comparativement, le"comment" est plus facile. Commencer par le "comment" est naïf mais légitime. Appliquer ce "comment" , donc la technique, utiliser les conditions données par le matériau ainsi que les possibilités physiques - les exploiter en tenant compte du dessein. Le dessein : ne rien inventer, aucune idée, aucune composition, aucun objet, aucune forme - et tout obtenir : la composition, 1’objet, la forme, l’idée, l’image. Des le début, je n’ai pas tardé a ressentir que c’était un problème de ne pas avoir de thème. Bien sur, je prenais des motifs au hasard et les représentais, mais le plus souvent avec le sentiment que ceux-ci n’étaient pas véridiques, mais contraints, rebattus et artificiels. Les interrogations sur ce que je devais peindre, m’ont montré mon impuissance.

J’ai trouvé une première issue : en reproduisant des photos, je me dispensais d’avoir à choisir un sujet,de construire. Assurément, il me fallait les sélectionner, mais je pouvais le faire tout en évitant de me reconnaître du sujet, donc en prenant des motifs sans connotation, atemporels. En recourant aux photos, en les reproduisant sans modification, je me soustrayais déjà au sujet.
Quand on trace des contours en s’aidant d’un projecteur, on évite le processus complexe de la connaissance. On cesse d’identifier, on voit, on fait(informellement) ce que l’on n’a pas identifié. Et comme on ne sait pas ce qu’on fait, on ignore ce qu’il faudrait modifier ou déformer. Le fait de reconnaitre qu’un bras a telle ou telle longueur, qu’il est large ou lourd est non seulement sans importance, mais devient une supercherie parce qu’on croit avoir identifié le bras.
Ce qui me fascine est l'illogique, l’irréel, l’atemporel, le déroulement aberrant d’un événement logique, réel, humain, inscrit dans le temps et qui vous bouleverse. Je désire le représenter de telle manière qu’il conserve son immédiateté. C’est la raison pour laquelle, je renonce a toute intervention, toute modification de ma part et préfère la simplicité et la sobriété qui sont plus universelles, plus complètes,qui ont plus de pérennité et impliquent davantage.


Les Graue Bilder, les Farbtafeln, les Vermalungen, les petits formats abstraits(produits d’un arbitraire calculé et n’exprimant rien), les Weische Abstrakte Bilder qui reprenaient le non-sujet des petites abstractions et qui, par l’effet de flou et d’agrandissement, étaient une variante du non-montrer. Ces caractéristiques valent également pour les grandes abstractions ou, de surcroit, il y a contradiction avec 1’intention, l’espoir qu’un sujet soit quasiment offert sans que je 1’ai inventé, qui soit plus universel, meilleur, inépuisable et d’une plus grande validité. Évidemment, ceci ne correspond pas a la réalité, puisque je n’arrête pas de composer et surtout effacer, donc évite et me cantonne A un répertoire très restreint. Au fond, j ’ai un comportement intentionnel.

Et puis il y a le rapport avec la musique, ces tentatives renouvelées pour créer une structure musicalement conçue avec une orchestration subtile. Après tous ces échecs, je m’étonne que, de temps en temps, mes tableaux aient l’air de quelque chose, car, au fond, ils sont tous la preuve pitoyable de l’incapacité et de l’insuccès(de la tentative de surmonter cette incapacité). Dire que je suis incapable de précision est également faux. Prenons les paysages: je vois d’innombrables paysages, en photographie à peine un sur 100 000, et ne peins peut-être qu’une photo sur 100. Donc, je cherche une chose bien précise ; j’en déduis par conséquent que je sais ce que je veux.




Ces mots ne sont pas de moi mais de Gerhard Richter
Je viens de retrouver un livre contenant ses textes de 1962 à 1992. Je l'avais presque oublié. Et voilà qu'un jour avant de remettre mon Mémoire à mon directeur de Mémoire je l'ouvre aux pages que j'avais cornées.

Je place le rien en première place dans mon processus car l'idée ne vient qu'après, grâce à l'intervention des autres. Je laisse monter.
Il faut croire que l'inconscient a bien fait son travail dans mon cas.
Ne pas croire-ne pas vouloir-ne pas penser.
Mon travail semble être régi par un "principe" de croyance (propre à l'enfance) et questionne la place qu'occupe la volonté dans l'acte de création.
J'ai cherché cette année à établir un dialogue qui aurait du sens pour chacun, pas un dialogue uniquement tourné vers moi-même .
Mon histoire personnelle n'intéresse personne.L'intimité exposée ici n'est pas celle que vous croyez voir. Il y a peut-être quelqu'un en ce moment même qui fait exactement la même chose que moi,et pourtant je ne parle que de moi.
Mais il s'agit d'un moi dissocié de moi. MOI-TE, MOI-TE,MOI-TE
Epilogue

Mots clés : Aucun

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