Vêtements

Jeu

Vêtements


Académie Royale des Beaux Arts de Bruxelles, atelier de dessin, 2eme jour d'accrochage.
Monsieur Massaert est passé voir mon accrochage dans la matinée, dans la pièce centrale, quand il a vu les petits formats photo-réalistes accrochés au fils il m'a évoqué le fil comme un objet intime,le rapprochant du fil que l'on a chez soi pour étendre le linge, il dit:
"Tiens, je n'avais jamais vu le corps comme un vêtement."

Commentaires

Le 28 octobre 2010 anne a dit :

#1

Je retiens cette vision. Si on prend le corps comme un vêtement, on peut en changer. Cette idée seule justifie l'envie de multiplicité des visions d'un seul corps.

Extrait du blog: Corps comme un vètement

Dans cet épisode, Anne B. Sollis cite la phrase de Monsieur M1:
Tiens, je n'avais jamais vu le corps comme un vêtement.
Elle dit en retenir une vision, une idée:
Le corps est un vêtement (exactement l'inverse de ce que vient de dire Monsieur M1, il dit n'avoir jamais vu le corps comme un vêtement).
Exercice: Aidez Anne B. Sollis à nous transmettre cette idée. Relevez avec elle les contradictions lisibles dans cet épisode et justifiez grâce à l'expérience et au regard d'Anne B. Sollis, ce qui justifie pour elle l'envie de multiplicité des visions d'un seul corps.
Vous avez 4 heures.

Le fil à linge évoqué par Monsieur M1 introduit dans l'exposition l'idée d'intime et de banal, l'intimité du foyer, le banal linge qui sèche et perturbe l'appréciation que l'on a d'un lieu. Si je fais remonter ce type d'impression chez une personne telle que Monsieur M1,j'aurai gagné mon pari de faire émerger des images qui n'ont rien à voir avec ce qui est montré.
Autre jeu: Mes corps n'ont jamais de tête.
Et lorsque je fais des têtes,elles ne sont pas placées à côté de "leur" corps. En enlevant l'identité je me dépossède de l'idée d'un corps unique. Et en me dépossédant de cette idée de corps unique, le-les corps deviennent une matière à modeler, le corps-vêtement suspendu à un fil un accessoire. Le multiple dés-angoisse. Je ne pose pas l'absolu dans la chose mais dans l'unité de ces choses crée par la multiplicité.En pensant cette disjonction je crée l'unité. Une vision opposée à la représentation.
Troisième point: Le fait que mes dessins ressemblent à des impressions photos ramène au tactile, au préhensible, au familier, à ce que l'on garde chiffonné dans sa main et que l'on ne veut pas lâcher.
Dans mon blog j'ai écrit:je dessine sur un papier découpé à la main proche du A4, et les tirages des photos faits sur papier ordinaire à l'imprimerie de quartier ont tous une marge blanche. Dès mes premiers dessins j'ai repris exactement les photos et j'ai gardé la marge blanche. Pour ceux qui vivent dans notre société, cette marge est familière, vous la retrouvez partout, photocopies, bordereaux de banque, prospectus. A chaque fois que je présente mes peintures à quelqu'un, je sens le spectateur encombré de l'aura dont parle Benjamin. Un public non averti n'ose pas s'approcher d'une peinture, et si il le fait ce sera avec peur, et même un membre d'une communauté avertie respectera un protocole avant d'émettre un avis sur l'œuvre accrochée; cette peur, ces protocoles empêchent l'accès à des réactions spontanées. Avec mes dessins qui ressemblent à des photos, ces peurs ont sauté, quelque soit le contexte(chez moi, lors des critiques à l'école) , j'ai vu le public s'approprier directement l'image et me livrer spontanément son avis. Mon public doit être disponible pour rendre mes images pensives. En dessinant les photos je fais la culbute : je ne fais plus peur aux spectateurs, je profite de la pensivité de l'image photographique, et le dessin leur redonne une aura d'objet unique.
D'ailleurs,vous pouvez vous-même les déplacer, les faire glisser. A ce sujet, Monsieur M1 craignait que l'on puisse me les "emprunter" durant les journées portes ouvertes.
J'ai aimé l'idée qu'un spectateur ait envie de voler un dessin, je l'imagine décrochant le dessin, animé du même désir que celui que j'éprouvais adolescente lorsque j'ouvrais dans ma chambre une pochette de 33 tours pour y découvrir seule ce qui n'était pas visible dans le magasin. Est ce que cela ne deviendrait pas le summum de l'intimité exposée? Le vol par l'autre. J'aime l'idée de tentation provoquée par l'offrande de la pose dénudée sur papier cartonné brillant et l'état d'objets préhensibles que l'on peut mettre dans son sac. La main est présente dans mon travail, sans que celle-ci ne soit jamais montrée.

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